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Tout à coup il s’arrêta ; un sourd murmure courait dans les rangs, et chacun leva son arme tandis que les archers tendaient leur arc comme s’il y eût eu un danger imminent.

— L’ennemi ! l’ennemi ! s’écria-t-on.

On voyait au loin apparaître un nombreux corps d’armée ; des milliers d’hommes s’avançaient en rangs pressés : on n’en pouvait voir la fin, car il n’y avait point de cavalerie. Bientôt on vit un chevalier se détacher de la troupe inconnue et s’élancer au galop vers le camp ; il était tellement penché sur le cou de son cheval qu’on ne pouvait le reconnaître, bien qu’il fût déjà très-rapproché. Arrivé plus près de l’armée stupéfaite, il s’écria en se rapprochant encore :

— Flandre au Lion ! Flandre au Lion ! Voici les Gantois[1] !

On reconnut le vieux guerrier : de joyeuses acclamations lui répondirent, et son nom s’échappa de toutes les bouches :

— Vive Gand ! vive messire Jean Borlunt ! Bienvenus soient nos bons frères !

Les Flamands, à la vue d’un renfort si inattendu, d’une si nombreuse armée qui venait se joindre à

  1. Enfin on vit arriver avec cinq mille Gantois, parmi lesquels se trouvaient sept cents de ses parents et de ses amis, l’un des héros de la célèbre bataille de Woerningen, le chevalier Jean Borlunt, qui s’était acquis un grand renom d’intrépidité et de savoir militaire. (Voisin.)