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Laissez-moi faire, maître ; je vous en prie pour l’amour de Dieu ! un coup seulement !

Brakels agenouillé suppliait, les mains jointes, qu’on lui laissât la vie ; il se traîna jusqu’au doyen et dit en sanglotant :

— Oh ! maître, ayez donc pitié de moi… je servirai fidèlement la patrie… ne me tuez pas !

Breydel lui jeta un regard plein de colère et de mépris, et d’un coup de pied dans le côté le lança à l’autre extrémité de la tente. Sur ces entrefaites, les bouchers avaient grand’peine à contenir les milliers d’hommes qui se pressaient autour de la tente, et, transportés par l’ardeur de la vengeance, demandaient à grands cris qu’on leur livrât le traître.

— À nous ! à nous ! hurlait la foule furieuse. Au feu ! au feu !

— Je ne veux pas, dit Breydel à ses hommes d’un ton impérieux, je ne veux pas que le sang de cette vipère touche votre hache. Qu’on le livre au peuple !

À peine cet ordre était-il sorti de sa bouche, qu’il sortit de la foule un homme qui lança une corde au cou de Brakels ; des centaines de mains saisirent l’extrémité de cette corde, renversèrent le traître en arrière et le traînèrent hors de la tente. Ses clameurs d’angoisse se perdirent dans les cris de la foule. Après l’avoir traîné tout autour du camp, on l’amena, hurlant de douleur, auprès du feu, à travers lequel on le fit passer quatre ou cinq fois, jus-