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semblait au haut allemand et fit présumer par là qu’il appartenait à une autre partie du pays.

— Maître, dit-il, je viens de Luxembourg, et j’ai porté à Courtray un message destiné à messire de Lonchyn. On m’a dit qu’un de mes frères se trouve au camp, et j’étais venu à sa recherche. Je suis tout saisi et tout effrayé de ce que la sentinelle m’ait pris pour un espion ; mais j’espère que vous ne me ferez point de mal.

Breydel, qui se sentit pris de compassion pour le poëte, renvoya la sentinelle et, désignant un siége à l’étranger, il dit :

— Vous devez être fatigué par un aussi long voyage. Asseyez-vous, mon beau ménestrel. Buvez, — ce hanap est à vous. Vous nous chanterez quelques chansons et nous saurons récompenser votre talent. Reprenez courage, vous vous trouvez au milieu de braves gens.

— Pardonnez-moi, maître, répondit le ménestrel, je ne puis demeurer ici, car le messire de Lonchyn m’attend. Je pense que vous ne voudrez pas contrarier le désir du noble chevalier en me retenant plus longtemps.

— Il nous faut une chanson ! s’écrièrent les bouchers ; il ne partira pas avant d’avoir chanté.

— Hâtez-vous, s’écria Breydel ; car si vous ne voulez pas nous donner le plaisir d’entendre quelques chansons, je vous garde ici jusqu’à demain. Si vous vous étiez mis tout de suite de bonne volonté,