Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/440

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le troisième jour, avant midi, messire Guillaume de Juliers, le prêtre, arriva de Cassel avec Jean de Renesse. Cinq cents cavaliers, quatre cents Zélandais et un renfort de Brugeois entrèrent avec eux dans le camp[1].

La plupart des chevaliers convoqués avaient répondu à l’appel ; la plupart des villes avaient envoyé leurs hommes ; toutes sortes d’hommes d’armes se trouvaient sous les ordres de Guy. La joie qui transporta les Flamands, durant ces quelques jours, échappe à toute expression ; ils s’apercevaient enfin que leurs compatriotes n’étaient pas aussi abâtardis qu’on l’eût pu croire, et que, sur toute l’étendue du sol flamand, la patrie comptait encore un grand nombre d’hommes vaillants et décidés : déjà près de vingt et un mille combattants étaient campés sous l’étendard du lion noir, et de nouveaux renforts de moindre importance arrivaient à toute instant.

Bien que l’ennemi eût une armée de soixante-deux mille hommes, dont la moitié consistait en cavalerie, les Flamands n’éprouvèrent plus la moindre appréhension. Dans leur exaltation ils quittaient souvent leur travail pour s’embrasser mutuellement et ne trouvaient alors que des paroles de triomphe, comme si rien ne pouvait leur enlever la victoire.

Vers le soir, au moment où ils regagnaient leurs

  1. Voyez l’Excellente Chronique de Flandre.