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développait devant eux un système de mesures aussi salutaires. Bien qu’ils ne doutassent pas de l’habileté du doyen, ils acceptaient avec peine l’idée qu’un tisserand, un homme du peuple, fût doué d’autant de génie.

— Vous avez plus d’intelligence que nous tous, s’écria Didier Devos : oui, oui, qu’il en soit fait ainsi, nous sommes plus forts que nous ne le pensions. Pour le coup, l’affaire change de face, et je crois que les Français se repentiront d’avoir mis le pied chez nous.

— Je remercie Dieu de ce qu’il vous ait inspiré cette pensée, maître de Coninck, dit le jeune comte ; vos bons et loyaux services ne demeureront pas sans récompense. Je suivrai votre conseil, car il est l’oracle d’une profonde sagesse. Maître Breydel, j’espère que vous amènerez las hommes que vous nous avez promis.

— J’ai dit huit mille, noble comte, s’écria Breydel ; eh bien, maintenant je dis dix mille. Je ne veux pas qu’un seul compagnon ou apprenti demeure à Bruges ; jeunes ou vieux, il faut que tous soient présents. J’aurai soin de veiller à ce que les Français ne nous passent point sur le corps, et les doyens, mes amis, en feront autant je le sais.

— C’est la vérité, monseigneur, dirent tous les doyens, personne ne fera défaut, car chacun désire le combat.

— Le temps est trop précieux pour que nous nous arrêtions ici plus longtemps, dit Guy ; hâtez-vous de