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autour de ses reins, un capuchon noir couvrait sa tête et cachait ses traits, de sorte qu’on ne pouvait le reconnaître. Il paraissait d’un grand âge, car son dos était tout voûté et une longue barbe descendait sur sa poitrine. D’un œil rapide il contempla tour à tour tous les chevaliers et son hardi regard pénétra jusqu’au fond de leurs cœurs ; du moins était-ce son intention évidente. Adolphe de Nieuwland reconnut en lui le même moine qui lui avait apporté la lettre de Robert de Béthune, et il allait le saluer à haute voix ; mais les gestes du moine devinrent si étranges, que les paroles s’arrêtèrent sur les lèvres du jeune chevalier. Tous les assistants ressentirent une grande colère ; l’audacieuse inquisition dont l’inconnu les rendait l’objet était une insulte qu’ils supportaient difficilement ; cependant ils ne manifestèrent pas leur irritation, parce qu’ils prévoyaient que l’énigme allait se résoudre.

Le moine, après avoir achevé son examen, dénoua la corde qui ceignait ses reins, jeta sur le sol sa tunique et sa barbe et resta au milieu de la salle exposé à tous les regards. Il releva la tête ; c’était un homme d’une trentaine d’années, d’une taille élégante et fière : il regardait en face les chevaliers comme pour leur demander :

— Eh bien ! me reconnaissez-vous ?

Mais les spectateurs, ne répondant pas assez vite au gré de son désir, il s’écria :

— Messires, il vous semble étrange de trouver un