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d’annoncer à tous les vassaux du royaume que les Flamands avaient mis à mort sept mille Français, et que le roi convoquait ses vassaux dans le plus bref délai à Paris, avec leurs hommes, afin d’aller venger cet outrage. À cette époque, les faits d’armes et la guerre étaient l’unique occupation des nobles : ils s’estimaient heureux du moment qu’il y avait à guerroyer quelque part ; il n’y eut donc rien d’étonnant à ce qu’ils répondissent à cet appel. De tous les points de la France, les détenteurs de fiefs accoururent avec leurs hommes équipés et armés, et, en peu de jours, l’armée française dépassa le chiffre de cinquante mille hommes.

Avec le Lion de Flandre et Charles de Valois, Robert d’Artois était un des plus vaillants généraux que comptât l’Europe alors ; il possédait, de plus que les deux premiers, une rare expérience acquise dans les nombreuses expéditions auxquelles il avait pris part ; jamais il n’avait quitté la cuirasse pendant une semaine entière, et ses cheveux avaient blanchi sous le casque. L’implacable haine qu’il portait aux Flamands, parce que son fils unique avait péri sous leurs coups à Furnes, décida la reine Jeanne à le faire charger du commandement en chef de l’armée ; elle y réussit facilement, car cette honorable mission ne convenait à personne mieux qu’à Robert d’Artois[1].

  1. Le comte d’Artois, qui passait pour l’un des plus braves