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en Picardie ; il donna le commandement de Lille au chancelier Pierre Flotte[1], partit pour la France et arriva à Paris, à la cour du roi, qui avait déjà appris la défaite de son armée. Philippe le Bel reçut avec colère le gouverneur de la Flandre, et lui reprocha d’avoir causé, par son gouvernement tyrannique, tous les malheurs qui étaient arrivés. Peut-être messire de Châtillon fût-il pour toujours tombé en disgrâce, si la reine Jeanne, qui ne pouvait souffrir les Flamands et qui s’était réjouie de les voir persécutés et opprimés, n’eût su si bien excuser son oncle, que Philippe finit par se croire plus obligé à remercier qu’à sévir. Dans cette disposition d’esprit, le roi fit tomber son mécontentement sur les Flamands, et jura d’en tirer une pleine et exemplaire vengeance.

Déjà une armée de vingt mille hommes était réunie à Paris, pour aller délivrer le royaume de Majorque des mains des mécréants : c’étaient là les troupes dont le rassemblement avait été annoncé par Robert de Béthune aux seigneurs flamands. Avec cette armée, on pouvait entreprendre la guerre contre la Flandre, mais Philippe ne voulait pas courir le risque d’une défaite ; il résolut de différer sa vengeance pendant quelque temps, afin de pouvoir mettre plus d’hommes en campagne. En même temps, des envoyés extraordinaires furent chargés de faire un appel dans toute la France ; ils avaient pour mission

  1. Voyez Voisin, Notice sur la bataille de Courtray.