Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/410

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

punir de la valeureuse conduite des Flamands !

— Ne vous créez par des tourments vous-même, ma bien-aimée Mathilde ; vos craintes sont sans fondement. Peut-être aussi la terrible défaite essuyée par ses troupes fera-t-elle comprendre au roi Philippe que les Flamands ne se soumettront jamais au joug de la France. Son propre intérêt le forcera à rendre la liberté à nos souverains, sinon il perdrait le plus beau fief de sa couronne. Ne voyez-vous pas, noble comtesse, que tout nous sourit ?

— Oui, oui, Adolphe, quand vous êtes là, ma tristesse et mes craintes m’abandonnent tout à fait. Vous parlez si bien ; vous avez des accents qui savent si bien toucher mon cœur !

Ils s’entretinrent pendant longtemps encore avec calme de leurs appréhensions et de leurs espérances. Lorsque Adolphe eut donné à Mathilde tous les éclaircissements possibles, et eut rempli son cœur de consolations, il s’adressa à son tour à sa sœur avec une fraternelle tendresse. Il s’établit entre eux une conversation intime qui leur procura les plus pures jouissances. Mathilde oubliait tout ce qu’elle avait souffert, elle respirait plus librement, et ses joues avaient repris leurs délicates teintes rosées.

Tout à coup un grand bruit monta de la rue. Mille voix s’unissaient en de bruyantes acclamations, et les cris de la foule se mêlaient confusément : par intervalles, on pouvait néanmoins, en saisir quelques-uns.