Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frère ; il m’aide à élever mes faucons, il m’apprend des chansons et des ballades, et joue de la harpe pour moi. Nous l’aimons tous !

Pendant que Mathilde parlait ainsi, Charles de Valois attachait sur elle un regard pénétrant ; mais cet examen ne lui révéla qu’un sentiment d’amitié dans le cœur de la jeune fille.

— S’il en est ainsi, il mérite bien ce doux nom et cette charmante faveur, dit-il en souriant, allez, mon enfant, et que je ne vous retienne pas davantage, je vous en prie.

Mathilde le salua, et, sans s’inquiéter de la présence des autres chevaliers, elle s’écria à haute voix :

— Adolphe ! messire Adolphe ! Et elle agitait la bécasse en l’air avec la joie et les transports d’un enfant.

À cet appel, le jeune homme accourut.

— Tenez, Adolphe, s’écria-t-elle, voilà la récompense du joli conte que vous m’avez appris.

Le jeune chevalier s’inclina respectueusement devant la comtesse, et reçut, avec bonheur, l’oiseau de ses mains. Les seigneurs présents le considéraient d’un œil d’envie, et plus d’un s’efforça, mais en vain, de découvrir sur sa physionomie un sentiment secret. Tout à coup ils furent arrachés à cette inquisition.

— Vite ! monseigneur de Béthune, criait le grand fauconnier ; vite ! déchaperonnez votre faucon et lancez-le… voilà un lièvre !