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paroles lui avaient apporté quelque consolation. Elle continua cependant de parler avec le découragement de la désolation, et paraissait se plaire à rechercher des sujets de douleur. Les plaintes, chez ceux qui souffrent, produisent le même effet que les larmes, elles soulagent la souffrance. Elle reprit :

— J’ai vu bien plus encore, Marie, j’ai vu le bourreau envoyé par la cruelle Jeanne de Navarre lever sa hache sur la tête de votre frère ; j’ai vu la tête de messire Adolphe tomber sur le pavé du cachot !

— Ô mon Dieu ! s’écria Marie, quelle affreuse pensée !

Elle tremblait, et ses yeux étaient pleins de larmes.

— Et j’ai entendu sa voix aussi, sa voix qui disait : Adieu ! adieu !

Saisie par cette lugubre prévision, Marié se jeta au cou de Mathilde et se mit à fondre en larmes. Les deux jeunes filles mêlèrent leurs sanglots et leurs gémissements. Après qu’elles furent restées pendant quelques instants abîmées dans une profonde désolation, Mathilde dit :

— Comprenez-vous Maintenant ce que je souffre, Marie ? Comprenez-vous maintenant pourquoi je me consume et meurs d’une mort lente et affreuse ?

— Oh oui, répondit Marie avec désespoir ; oui, je comprends et je partage vos douleurs. Ô mon pauvre frère !

Les deux jeunes filles s’assirent, muettes et acca-