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silence durait encore, il dit à haute voix, afin qu’un grand nombre pussent l’entendre :

— Frères, aujourd’hui le soleil nous envoie une plus belle lumière, l’air est pur dans notre cité ; l’haleine des étrangers ne le corrompt plus ! Ces orgueilleux tyrans ont cru que nous serions et resterions leurs esclaves, mais ils ont appris, au prix de leur vie, que notre vaillant Lion peut sommeiller, mais non mourir. Nous avons reconquis le patrimoine de nos pères, et lavé dans le sang les traces de l’étranger ; mais tous nos ennemis ne sont pas morts : la France enverra contre nous plus d’une armée de mercenaires, car le sang demande du sang. Peu importe ! maintenant nous sommes invincibles ; cependant il ne faut pas vous endormir sur votre victoire : que vos cœurs restent nobles, fiers et courageux, et ne laisse pas éteindre la généreuse flamme qui, en ce moment échauffe votre sein. Que chacun maintenant, regagne sa demeure, et se réjouisse avec les siens de l’heureuse délivrance de la patrie. Oui ! poussez des cris de joie, et buvez le vin de l’allégresse, car ce jour est le plus beau jour de votre vie. Que ceux qui ne possèdent pas de vin se rendent à la halle, où l’on en distribuera une mesure par homme.

Les clameurs qui grandissaient de plus en plus ne permirent pas à de Coninck de prolonger sa harangue : il fit un signe aux doyens qui l’entouraient, et se dirigea avec eux du côté de la rue des Pierres. La