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Les chevaliers flamands prirent leurs faucons sur le poing. Les chiens furent partagés en différents groupes et les liens des faucons détachés.

Les dames se mêlèrent alors aux chevaliers et il arriva que Charles de Valois se trouva auprès de la belle Mathilde.

— Je crois, charmante dame, lui dit-il, que le prix de la chasse ne saurait être incertain ; jamais je n’ai vu aussi bel oiseau que celui que vous portez, jamais plumage ne fut aussi égal, bec aussi robuste et serres aussi puissantes : pèse-t-il lourdement sur le poing ?

— Oh oui, très-lourdement, monseigneur, répondit Mathilde, et bien qu’il ne soit dressé qu’au bas vol il saurait aussi chasser le héron et la grue au plus haut des airs.

— Il me semble, observa le comte, que votre seigneurie lui laisse prendre trop d’embonpoint. Ne vaudrait-il pas mieux réduire un peu sa nourriture.

— Non, non, pardonnez-moi, s’écria la jeune fille avec orgueil, mais vous vous trompez, monseigneur ; mon faucon est juste à point. Ne riez pas ; quoique jeune fille, je m’entends en fauconnerie. J’ai moi-même élevé ce noble faucon, je l’ai dressé à la chasse, je l’ai veillé à la lumière pendant la nuit… Rangez-vous, monseigneur de Valois, rangez-vous, ajouta-t-elle vivement, voilà une bécasse qui vole au-dessus du ruisseau !

Pendant que le comte tournait les yeux vers le