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mour de la patrie allume dans les cœurs ! Breydel s’élança en avant comme un insensé, courut sous l’étendard et tendit les deux mains avec une visible impatience vers le Lion. De Coninck présenta le drapeau au doyen des bouchers et dit :

— Tenez, mon ami, voilà ce que nous avons reconquis aujourd’hui, c’est le symbole de la liberté de nos pères.

Breydel ne répondit pas, son cœur était trop plein ; tremblant d’émotion, il étreignit convulsivement le drapeau dans ses bras et embrassa le Lion triomphant. Il cacha sa tête dans les plis de la soie et se mit à pleurer pendant quelques instants sans faire un mouvement ; puis, en proie à la plus vive exaltation, il lâcha le drapeau et se précipita sur le sein de de Coninck.

Tandis que les deux doyens s’étreignaient dans un chaleureux embrassement, le peuple ne cessait pas ses acclamations, qui planaient comme un concert triomphal au-dessus de plusieurs milliers de têtes. Le marché du Vendredi n’était pas assez vaste pour donner place à tous les citoyens, bien qu’on s’y entassât jusqu’à étouffer. La rue des Pierres était aussi remplie de monde jusqu’à l’église Saint-Sauveur, les rues des Forgerons et de la Boverie étaient aussi remplies, jusqu’à une certaine distance, des femmes et des enfants les moins exaltés.

Le doyen des tisserands se dirigea vers le centre de la place et s’approcha de la potence encore de-