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— Vive le Lion de Flandre !

Au milieu de la multitude s’avançait un étendard blanc dans les plis ondoyants duquel était brodé un lion d’azur. C’était la grande bannière de la ville de Bruges qui, pendant si longtemps, avait dû céder devant les lis. On venait de le tirer de sa retraite, et la réapparition de cet emblème sacré était saluée par mille cris de joie.

Un homme de petite taille portait le drapeau acclamé, et, les bras croisés sur la poitrine, le tenait serré sur son cœur, comme si ce contact lui eût inspiré un fervent enthousiasme. D’abondantes larmes coulaient sur ses joues, larmes que lui faisait verser l’amour de la patrie et le bonheur de voir cette patrie libre, car une indicible expression de félicité rayonnait sur sa physionomie. Lui qui, en présence des plus grandes catastrophes, n’avait jamais pleuré, il pleurait après avoir replacé sur l’autel de la liberté le Lion, emblème de sa ville natale.

Les yeux des innombrables spectateurs étaient sans cesse fixés sur cet homme, et les cris : Vive de Coninck ! Vive le Lion ! étaient répétés avec plus de force. Dès que le doyen des tisserands approcha, avec l’étendard, du marché du Vendredi, une joie folle s’empara du cœur des bouchers ; eux aussi répétèrent à plusieurs reprises les clameurs triomphales et se pressèrent la main mutuellement avec une ardente effusion. Quelles nobles passions l’a-