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bruit, et veille à ce que personne ne bouge. Je vais à la rencontre de de Coninck, pour lui indiquer les allées où il peut poster ses hommes.

Quelques instants après, quatre mille tisserands pénétraient dans le bois de différents côtés ; ils s’étendirent sur le sol, selon l’ordre qu’ils avaient reçu et gardèrent un profond silence. Le calme qui régnait dans le bois fut à peine troublé par leur arrivée, et bientôt on n’entendit plus rien. Seulement on pouvait voir quelques hommes passer d’un groupe à l’autre. Ils portaient aux chefs l’ordre de se rendre à l’extrémité orientale du bois.

Quand ils s’y trouvèrent en grand nombre, ils se rangèrent autour de de Coninck, pour recevoir ses instructions. Le doyen des tisserands commença en ces termes :

— Frères, le soleil d’aujourd’hui doit éclairer notre liberté ou notre mort. Réunissez donc tout le courage que peut vous inspirer l’amour de la patrie : songez que vous allez combattre pour la ville où reposent les ossements de vos pères, où s’est trouvé votre berceau. Ne faites grâce de la vie à personne : mettez à mort tous les étrangers qui vous tomberont sous la main, et détruisez sans pitié jusqu’à la dernière racine l’orgueilleuse engeance qui nous opprime. À eux ou à nous la mort ! Y en a-t-il un seul parmi vous qui ressente encore quelque compassion pour ceux qui ont si cruellement pendu et martyrisé nos frères, pour ces traîtres qui ont jeté notre