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messire de Mortenay, que c’est pour nous un devoir de venger leur mort ; car que pouvait leur reprocher le gouverneur du pays, sinon qu’ils avaient refusé de céder à ses ordres tyranniques ?

— Le sujet doit obéir à son maître, quelque sévère que soit la punition, il ne lui est pas permis de condamner les actes de son suzerain.

— Vous avez raison, messire de Mortenay, c’est ainsi qu’on parle en France, et, comme vous êtes sujet naturel du roi Philippe le Bel, il convient que vous exécutiez ses ordres ; mais nous sommes Flamands et libres, et nous ne pouvons supporter plus longtemps ces chaînes honteuses. Maintenant que le gouverneur du pays de Flandre a poussé la cruauté jusqu’à sa dernière limite, je vous assure qu’avant peu le sang coulera à flots, et, si le sort ne nous était pas favorable, si les Français remportaient la victoire, il vous resterait bien peu d’esclaves, car nous voulons notre liberté ou mourir.

» Cependant, et c’est là le motif de ma visite, quoi qu’il arrive, on ne touchera pas à un cheveu de votre tête ; la maison où vous vous trouverez sera sacrée pour nous, pas un Flamand ne mettra le pied sur le seuil de votre demeure : je vous le garantis sur mon honneur.

— Je remercie les Flamands de l’affection qu’ils me portent, répondit de Mortenay ; mais je refuse la protection que vous m’offrez et n’en profiterai jamais. Si ce dont vous parlez arrivait vraiment, je