Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je désire parler à messire de Mortenay.

— Oui, mais n’as-tu pas d’armes ? car on ne peut se fier à vous autres.

— Que t’importe ! dit le doyen d’un ton impérieux ; va dire à ton maître que de Coninck veut lui parler.

— Seigneur, mon Dieu ! Vous vous nommez de Coninck ? alors vous venez sûrement avec de mauvaises intentions…

À ces mots, le domestique monta précipitamment à l’étage et revint quelques instants après.

Il guida de Coninck jusqu’au haut de l’escalier devant la porte d’une chambre ; de Mortenay y était assis devant une petite table sur laquelle étaient déposés son casque, son épée et ses gantelets de fer. Il contempla le doyen avec étonnement ; celui-ci s’inclina devant le gouverneur de la ville et dit :

— Messire de Mortenay, je me suis rendu ici, confiant dans votre loyauté et sachant que je n’aurais pas à me repentir de cette hardiesse.

— Vous avez bien fait, répondit de Mortenay ; vous repartirez comme vous êtes venu.

— Votre générosité est devenue proverbiale parmi nous, reprit de Coninck, aussi est-ce pour cela même et pour vous montrer que, nous autres Flamands, nous savons estimer un loyal ennemi, que je suis venu vous trouver. De Châtillon a livré aujourd’hui notre ville à la fureur de ses soldats ; il a fait pendre huit d’entre nos frères innocents ; avouez avec moi,