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drap. Cette maison et sa distribution intérieure, devaient lui être bien connues, car il souleva le drap, entra d’un pas assuré dans la boutique et se dirigea vers une petite chambre de derrière éclairée par la lueur douteuse d’une lampe. Une femme en pleurs était assise auprès d’une table, au milieu des débris du mobilier épars sur le sol ; elle pressait sur son sein deux jeunes enfants et leur prodiguait des baisers entrecoupés de soupirs, comme si elle s’estimait heureuse que cette richesse lui fût restée ; plus loin dans un coin, où pénétraient à peine les pâles rayons de la lampe, était assis un homme, la tête cachée dans les mains et qui semblait dormir.

À l’apparition imprévue de de Coninck, la femme fut tellement effrayée qu’elle serra étroitement ses enfants dans ses bras et poussa un cri de terreur. L’homme porta vivement la main à son poignard ; mais, en reconnaissant son doyen, il se leva et dit :

— Ô maître, quelle douloureuse charge vous m’avez imposée en m’ordonnant de rester en ville : la grâce de Dieu seule nous a sauvés d’une mort affreuse. Nos maisons sont pillées, nos frères pendus et égorgés, et Dieu sait ce qui arrivera demain. Oh ! permettez-moi d’aller vous rejoindre à Ardenburg, je vous en supplie.

De Coninck ne répondit pas à cette prière ; il fit signe du doigt au compagnon tisserand, et se retira