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hache ne pourrait plus abattre leurs têtes, et je ne pourrais fouler aux pieds leurs cadavres, comme leurs chevaux l’ont fait des cadavres de nos frères. Je ne veux plus de la liberté seule, je la repousse : je veux voir couler des flots de sang, maintenant qu’ils ont percé le sein de celle dont j’ai reçu la vie. Hâtez-vous de partir, et que Dieu vous accompagne, pour que tout réussisse à souhait : j’ai soif de la vengeance que vous m’avez promise.

— Discrétion et prudence, mon ami !

À ces mots, de Coninck s’éloigna de Breydel.

Avant de quitter le camp, il fit tout préparer pour le départ de Mathilde, et, après s’être entretenu avec elle pendant quelques instants, il monta à cheval et disparut dans la direction d’Ardenburg.

Sur ces entrefaites, les corps de la mère et de la sœur de Breydel avaient reçu les derniers soins et avaient été ensevelis par les femmes ; elles avaient tendu de noir l’intérieur d’une tente et y avaient déposé les deux cadavres sur un lit de camp. Un funèbre drap mortuaire les recouvrait ; le visage seul était visible. Autour de cette couche suprême brûlaient huit cierges de cire jaune ; un crucifix, un bénitier d’argent et quelques branches de bois se trouvaient placés au chevet du lit, autour duquel des femmes en pleurs priaient à voix basse.

Immédiatement après le départ de de Coninck, Breydel se rendit dans le bois et ordonna de cesser les travaux ; il envoya les gens des métiers se repo-