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liers de ma patrie. En France, le Lion de Flandre est réputé presque invincible, et il est digne de sa grande réputation.

À ces mots un sourire de bonheur éclaira les traits du vieux père, mais ils s’assombrirent tout à coup ; sa tête se pencha, et il répondit avec un douloureux soupir :

— Monseigneur de Valois, n’est-ce pas un affreux malheur de ne pouvoir laisser d’héritage à un pareil fils ? Lui qui devait apporter tant de gloire et un lustre si brillant à la maison de Flandre. — Oh ! cette pensée et la captivité de ma fille, voilà les deux spectres qui me poussent vers la tombe.

Le comte Charles ne répondit rien aux tristes doléances de Guy, et, pendant longtemps, il demeura absorbé dans une profonde méditation et laissa la bride de son cheval flotter suspendue au pommeau de la selle. Guy remarqua cette contenance et admira la générosité de cœur de monseigneur de Valois ; il ne pouvait en douter, les malheurs de la maison de Flandre étaient pour le prince français une source d’amère et véritable tristesse.

Tout à coup Charles de Valois se redressa vivement, ses yeux s’illuminèrent de joie, il posa la main dans la main du comte Guy et lui dit :

— Vraiment c’est le ciel qui m’envoie cette inspiration !

Guy le regarda avec curiosité.

— Oui, reprit le comte de Valois, oui, je le veux ;