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mez dans votre cœur, comme dans une tombe, ce que je vais vous dire. Les étrangers se sont fatigués aujourd’hui dans l’accomplissement de leur œuvre abominable, ils dormiront bien ; mais ce sommeil, pour la plupart d’entre eux, durera jusqu’au dernier jugement ! Ne dites rien à vos hommes, mais conduisez-les demain, deux heures avant le lever du soleil, derrière Sainte-Croix, dans l’Eksterbosch[1]. Je pars sur-le-champ pour Ardenburg, où je vais préparer mes hommes et faire avertir le commandant Lindens, car je dois être à Bruges aujourd’hui encore. Cela vous étonne, cependant vous avouerez avec moi qu’il y a à Bruges un Français que nous ne pouvons mettre à mort : son sang retomberait sur nos têtes.

— Messire de Mortenay ! s’écrièrent des voix nombreuses.

— Ce chevalier, reprit de Coninck, nous a toujours traités avec bonté ; il a montré en toute occasion que les malheurs de notre patrie le touchaient. Souvent il a arrêté l’exécrable Jean de Gistel dans ses cruelles persécutions et obtenu la grâce des condamnés. Il ne faut pas souiller nos armes de ce noble sang ; c’est pour empêcher que cela n’arrive que

  1. Bois des pies, et ils convinrent que le lendemain au point du jour, avant le lever du soleil, ils se réuniraient à Sainte-Croix, près de Bruges, tous bien armés et bien équipé. (L’Excellente chronique.)