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Tout à coup, de Coninck s’élança vers Breydel, en s’écriant :

— Mon ami, aiguisez votre hache et bannissez toute tristesse de votre cœur. Nous allons briser les chaînes de la patrie !

— Que voulez-vous dire ? demanda Breydel.

— Écoutez. Le laboureur attend que le froid du matin ait rassemblé toutes les chenilles dans le nid ; alors il détache le nid de l’arbre, le place sous son pied et écrase les insectes qui s’y trouvent. Comprenez-vous cela ?

— Achevez votre prophétie, s’écria Breydel. Oh ! mon ami, un joyeux rayon brille au milieu de mon désespoir : achevez, achevez !

— Eh bien, comme les chenilles, les étrangers ont pris notre pays pour leur nid ; eux aussi seront écrasés comme si une montagne s’écroulait sur eux. Réjouissez-vous, maître Jean, ils sont condamnés. La mort de votre mère sera payée avec usure, et la patrie sortira libre de ce bain de sang !

Breydel promena vivement les yeux autour de la tente, cherchant sa hache, et se souvint qu’on la lui avait enlevée ; il saisit avec émotion la main de de Coninck :

— Mon ami, s’écria-t-il, vous m’avez sauvé maintes fois, mais alors vous ne me donniez que la vie, aujourd’hui je retrouve, grâce à vous, le bonheur et la joie ; dites-moi donc bien vite comment nous accomplirons cette vengeance, pour que je n’en doute plus.