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prêt à défendre l’honneur de ma royale nièce contre tous les chevaliers de Flandre et du monde !

Les deux adversaires n’ajoutèrent pas une parole et reprirent la place qu’ils occupaient avant le différend. Mais cette courte altercation avait été entendue par les autres chevaliers avec des sentiments divers. Plusieurs Français se sentirent vivement irrités des fières paroles du comte Robert ; mais, d’après les lois de l’honneur, ils ne s’immiscèrent en rien dans la querelle : Charles de Valois secouait la tête avec impatience, et l’on pouvait lire sur son visage combien cette dispute lui déplaisait, tandis qu’au contraire un sourire de joie illuminait les traits du comte Guy.

— Mon fils Robert, dit-il à voix basse et se penchant vers le comte de Valois, est un preux chevalier. Votre roi Philippe a pu apprécier sa vaillance alors qu’il assiégeait Lille, et plus d’un noble Français est tombé sous son épée. Les Brugeois, qui l’aiment plus qu’ils ne m’aiment, l’appellent le Lion de Flandre, et c’est un titre d’honneur qu’il a bien gagné en combattant Mainfroi[1] à Bénévent…

— Je connais messire Robert depuis longtemps, répondit le comte de Valois, et chacun sait avec quelle intrépidité il arracha ce sabre de damas des mains du tyran que vous venez de nommer. Ses exploits jouissent d’un haut renom parmi les cheva-

  1. La bataille de Bénévent fut livrée le vendredi, 26 février 1266. Mainfroi y perdit la couronne et la vie.