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tunée. Écoutez encore, c’est Jeanne de Navarre votre nièce qui fait altérer la monnaie en France ; c’est enfin Jeanne votre nièce qui a juré la ruine de la Flandre !…

À ces mots le comte de Châtillon, pourpre de colère, lança son cheval et s’arrêtant devant Robert, il lui cria en plein visage :

— Tu as menti faussement !

En entendant cette insulte déshonorante, Robert de Béthune fit vivement reculer son cheval et tira du fourreau son sabre recourbé ; mais, au moment où il allait s’élancer sur Châtillon, il s’aperçut que son ennemi n’avait pas d’armes. Il remit son sabre dans le fourreau avec une visible colère, se rapprocha du comte et lui dit d’une voix étouffée :

— Je ne crois pas, messire, qu’il soit nécessaire que je vous jette mon gant au visage[1]. Vous savez que l’outrage que vous venez de me faire est, à mes yeux, une tache qui ne se lave que dans le sang. Avant que le soleil se couche je vous demanderai compte de votre insulte !

— Soit, répondit le comte de Châtillon, je suis

    du royaume de son père, et devint par là une des princesses les plus riches de l’époque. Elle épousa Philippe le Bel, et réunit ainsi deux couronnes sur sa tête.

  1. On défiait un chevalier au combat en lui jetant un gant : S’il relevait ce gant, il acceptait le combat. S’il ne le relevait pas, ce gant était attaché à la porte de sa demeure ou placé en haut d’un poteau, afin que chacun put voir qu’il avait refusé le combat par couardise.