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vieille femme pleurait à chaudes larmes, et, en proie à la plus vive anxiété, implorait grâce en français.

— Oh ! s’écriait-elle en tendant les bras vers les bourreaux, ayez pitié de nous, pauvres femmes que nous sommes ! Pour l’amour de Dieu, ne nous tuez pas ! Voyez mes larmes et ayez compassion de notre douleur ! Que vous fait la mort de deux pauvres femmes sans défense ?

— C’est la mère du boucher qui a tué tant des nôtres à Male, s’écria l’un des soudards ; il faut qu’elle meure.

— Oh ! non, non, messire ! s’écria la vieille femme, ne trempez pas vos mains dans mon sang, je vous en supplie par la sainte Passion de Notre-Seigneur, laissez-nous la vie ! Prenez tout ce que nous possédons ; tout est à vous !

— Votre argent ! votre or ! cria une voix.

À ces mots, la femme prit une cassette qui se trouvait derrière elle et la jeta aux soudards.

— Voilà, messires, dit-elle, voilà tout ce qui nous reste au monde ; je vous l’abandonne volontiers.

La cassette s’ouvrit, et un grand nombre de pièces d’or et de bijoux des plus précieux s’éparpillèrent sur le sol. Les soudards s’élancèrent pour recueillir ce butin inespéré, et l’un d’eux saisit la jeune fille par les bras et la traîna brutalement sur le plancher.

— Ma mère, ô ma mère, à mon secours ! s’écria la jeune fille d’une voix mourante.