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caves et d’autres asiles, furent cruellement maltraitées ; les hommes, qui voulurent défendre leurs femmes ou leurs sœurs, étaient bientôt accablés par le nombre et périssaient sous les coups des forcenés. Çà et là, devant les portes des maisons pillées, des cadavres mutilés gisaient au milieu des débris de meubles : on n’entendait que les cris de rage des soudards et les gémissements désespérés des femmes. Les pillards sortaient en riant des demeures dévastées, les mains pleines d’or volé, et couvertes de sang flamand ! Quand quelques-uns d’entre eux, rassasiés de meurtre et de pillage, s’éloignaient, ils étaient remplacés par d’autres plus cruels encore : cette œuvre infâme dura longtemps, et tous les crimes que peut commettre une soldatesque effrénée furent épuisés[1].

Dans la maison de Pierre de Coninck rien ne resta intact ; les murs mêmes ne seraient pas demeurés debout si les pillards n’eussent réservé leur temps pour d’autres forfaits. Une autre bande courut directement à la demeure du doyen Breydel. En peu d’instants, la porte fut jetée par terre, et vingt soudards entrèrent, en jurant et maugréant, dans la boutique ; ils ne rencontrèrent personne, bien qu’ils eussent parcouru toutes les pièces de la maison. Les armoires

  1. À peine les soldats étaient-ils entrés dans la ville, qu’ils pénétrèrent par la force dans les maisons des fugitifs, mettant tout au pillage et tuant quiconque leur faisait résistance. (Chronique de Despars.)