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pour arriver à lui. Quelle ne fut pas la rage des Français lorsqu’ils virent leurs vingt compagnons tomber l’un après l’autre sur le sol. Les couteaux avaient brillé soudain dans les mains des klauwaerts ; les soudards furent mis à mort sans pitié, et plus d’un Flamand perdit aussi la vie dans la mêlée.

Soudain toute la cavalerie s’ébranla et s’élança sur le peuple qui fuyait ; les grandes épées de bataille eurent bientôt dispersé la foule, et les chevaux foulèrent aux pieds les rebelles en un instant. Mais ils n’étaient pas morts sans vengeance, car ils s’étaient fait une couche des cadavres ennemis. Le père et le fils étaient étendus l’un sur l’autre, — le même glaive les avait percés, et leurs âmes ne s’étaient pas quittées dans le suprême voyage. Le peuple se précipitait comme un torrent à travers toutes les rues, en poussant des cris de détresse ; chacun regagna en toute hâte sa demeure : portes et fenêtres furent closes, et, quelques instants après, on eût pensé que la ville ne comptait plus d’habitants.

Furieux de la mort de leurs compagnons et naturellement portés aux violences, les soldats se mirent à parcourir les rues par bandes, l’épée au poing, et se faisaient indiquer les maisons des klauwaerts par les léliards. Ils enfonçaient les portes et les fenêtres, dérobaient l’argent et tout ce qui avait de la valeur, et brisaient ce qui ne leur semblait pas assez précieux ou était trop lourd pour être emporté. Les jeunes filles en pleurs, qu’on put trouver dans les