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siez exigé d’eux aussi injustement et aussi tyranniquement le payement de l’impôt du penning. C’est à vous que nous devons ces troubles et ces émeutes ; car vous ne cherchez qu’à opprimer vos compatriotes, et leur inspirez, par vos vexations, une haine profonde contre nous.

— Vous m’êtes tous témoins, dit de Gistel, que j’ai fidèlement exécuté les ordres de messire de Châtillon.

— Ce n’était nullement votre intention, répliqua de Mortenay ; mais vous aviez à vous venger du mépris que vous témoignent les Brugeois. Le roi, notre maître, a commis une grande faute en chargeant du recouvrement des impôts en Flandre un homme détesté de tous.

— Messire de Mortenay, s’écria de Gistel avec colère, vous me rendrez compte de ces paroles !

— Messires, dit de Châtillon, je vous défends de vous adresser encore la parole en ma présence ; vos épées décideront entre vous. Je vous déclare, messire de Mortenay, que ce que vous venez de dire me déplaît fort et que messire de Gistel a agi selon ma volonté ; il faut que la couronne de France soit vengée, et si les fauteurs de la révolte n’avaient quitté la ville, il y aurait dans Bruges plus de potences que de carrefours. En attendant que j’aille châtier les métiers à Damme, je veux donner à cette ville rebelle un sévère exemple… Messire de Gistel, nommez-moi les huit klauwaerts les plus entêtés, pour qu’il en soit fait bonne et prompte justice.