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former messire de Châtillon de la famine qui régnait à Bruges, et de la situation déplorable dans laquelle se trouvait la garnison, et de demander l’autorisation d’abolir l’impôt du penning d’argent. Jean de Gistel, qui était maudit et détesté par ses compatriotes comme un Flamand renégat qu’il était, saisit cette occasion pour pousser messire de Châtillon aux mesures de rigueur. Il peignit, sous de sombres couleurs, l’esprit de rébellion des Brugeois, et demanda vengeance de leur entêtement, en prétextant qu’ils ne voulaient pas travailler pour pouvoir refuser l’impôt du penning avec quelque apparence de raison.

À la réception de ce message, messire de Châtillon entra dans une violente colère ; il vit, avec dépit, que tous ses efforts pour remplir les ordres du roi restaient sans fruit, car le peuple flamand était indomptable. Dans toutes les villes, il y avait chaque jour des émeutes, la haine contre les Français éclatait de toutes parts ; et, dans certains endroits, à Bruges, par exemple, les agents du roi Philippe tombaient souvent victimes d’un guet-apens ou d’une agression faite en plein jour. Les ruines des tours écroulées du château de Male n’étaient pas encore refroidies non plus, et le sang des Français qui y avaient été massacrés n’avait pas encore dis paru.

C’est de Bruges qu’était parti, comme de sa source, pour se répandre dans tout le pays de Flandre, cet esprit de rébellion qui causait à la France un si grave