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Cependant, Guy de Flandre et Charles de Valois, se trouvaient toujours à la tête de la troupe. Personne, en effet, n’eût été assez hardi pour les devancer, ni même se tenir sur le même rang. Cependant, Robert de Béthune et Guillaume, son frère, s’étaient rapprochés du comte Guy, et, de leur côté Raoul de Nesle et Jacques de Châtillon, étaient venus se ranger près de Charles de Valois, leur chef ; celui-ci, jeta les yeux avec compassion sur la tête blanchie du comte de Flandre et parfois sur les traits abattus de son fils Guillaume, et dit :

— Croyez-le bien, noble comte, votre douloureuse position m’afflige sincèrement. Je ressens votre tristesse aussi vivement que si vos malheurs m’avaient frappé moi-même. Conservez, cependant, quelque espoir. À ma prière, mon royal frère consentira à pardonner et il oubliera le passé.

— Vous vous trompez monseigneur, répondit Guy avec noblesse ; il est avéré pour moi que le roi de France, votre souverain, désire ardemment la ruine de la Flandre ; n’est-ce pas lui qui a soulevé mes sujets contre moi ? Ne m’a-t-il pas inhumainement arraché ma fille Philippine pour la jeter dans un cachot ? Et comment voudriez-vous qu’il relevât l’édifice qu’il a renversé au prix de tant de sang ? En vérité, monseigneur, vous vous méprenez grandement. Philippe le Bel, votre frère et roi, ne me rendra jamais le pays qu’il m’a enlevé. Votre générosité restera gravée en traits ineffaçables dans mon cœur