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rendu à la Flandre. Pardonnez-moi mes larmes, elles coulent par amour pour vous, au douloureux souvenir de vos peines. Que le Seigneur soit loué pour ce bonheur inattendu !

Robert serra tendrement le jeune Guy contre son cœur, puis il se tourna vers son autre frère, Jean de Namur, et, après l’avoir embrassé également, il dit :

— Messires, je ne me serais pas fait connaître, pour des raisons importantes ; mais c’est un devoir pour moi de vous dire une chose qui fera changer votre résolution. Sachez que le roi de France a convoqué tous ses vassaux avec leurs gens pour aller guerroyer contre les Maures ; puisqu’il n’entreprend cette guerre que pour remettre le roi de Majorque en possession de son royaume, il est certain qu’il emploierait plutôt cette puissante armée à la conservation de la Flandre[1]. La réunion est fixée à la fin de juin ; ainsi, dans un mois, Philippe le Bel se trouve à la tête de soixante-dix mille hommes. Réfléchissez s’il ne vaut pas mieux fixer la délivrance avant cette époque : plus tard elle devient

  1. … Et il arriva dans ce temps que les Sarrasins assiégèrent et prirent en grande force deux royaumes chrétiens, savoir, celui de Majorque et de Mélide. Et ensuite, deux rois étaient venus a Paris, chez le roi, pour demander des conseils et des secours et le pape écrivit au roi de France, comme au premier roi chrétien, pour le prier d’assembler les princes chrétiens, afin de reconquérir les pays de Majorque et de Mélide. (L’Excellente chronique.)