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sieurs Français ont payé de la vie le forfait de leur souverain, et le sang des Flamands a coulé à Bruges par torrents. Dans cet état de choses, j’ai pris la liberté de faire comprendre à vos seigneuries la possibilité d’une commune délivrance ; car j’ai jugé que nos fers sont profondément usés et qu’un effort suprême peut les rompre. Un heureux événement nous a servis admirablement : le doyen des bouchers, ayant détruit le château de Male, messire de Mortenay a fait sortir tous les klauwaerts de Bruges, et maintenant les métiers se trouvent à Damme, au nombre de cinq mille hommes. Sept cents bouchers se sont joints à nous, et je puis assurer à vos seigneuries que ces derniers, avec leur doyen Breydel, ne reculent pas devant deux fois autant de Français, c’est une vraie troupe de lions. Nous possédons, par conséquent, une armée redoutable, et nous pouvons nous mettre immédiatement en campagne contre les Français, si les secours nécessaires nous sont envoyés par vous des autres villes. Voilà ce que j’avais à vous dire ; qu’il plaise maintenant à vos seigneuries de prendre les mesures nécessaires, car le moment est propice ; j’attends vos ordres pour m’y conformer en humble sujet.

— Il me semble, répondit Jean Borlunt, qu’une trop grande précipitation pourrait nous être nuisible. Quoique les Brugeois soient prêts au combat, on n’est pas encore aussi avancé dans les autres villes. Il conviendrait de retarder un peu la vengeance,