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daine, avait, écouté avec étonnement les menaces du doyen ; mais, après avoir porté ses yeux du boucher à la fenêtre, il se remit, et répondit :

— Vous vous trompez, maître Breydel, je suis un fils de Flandre. Du calme ! la fille du Lion est vengée.

Breydel ne savait que croire, il était encore bouillant de colère, mais les paroles du chevalier, qui répondait en flamand et le connaissait par son nom, arrêtèrent son bras menaçant. Mathilde ne s’était aucunement effrayée de l’apparition ; convaincue, dans son égarement, que le chevalier noir était un de ses ravisseurs, elle eut des transports de joie et dit :

— Tuez-le ! Il a emprisonné mon père, et veut me conduire auprès de la méchante Jeanne de Navarre, l’hypocrite ! Pourquoi ne vengez-vous pas le sang de votre comte, Flamand ?

Le chevalier regarda la jeune fille avec une compassion douloureuse, et des larmes abondantes coulèrent de ses yeux.

— Malheureuse enfant ! dit-il.

— Vous aimez et plaignez la fille du Lion, dit Breydel en serrant la main du chevalier, pardonnez-moi, messire, je ne vous connaissais pas.

En ce moment, de Coninck parut à l’entrée de la salle. Il leva les mains au ciel avec stupéfaction, et, se jetant à genoux devant le chevalier, il s’écria ;

— Ô ciel ! le Lion, notre seigneur !

— Le Lion, notre seigneur ! répéta Breydel pen-