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tenant je vous comprends. Comme le cœur me bat fièrement à ce nom honorable ! Oui, j’étais un mutin, et je le savais ; mais maintenant je suis un vrai guerrier… Les Français s’apercevront de la différence !

— Je me suis servi de cette approbation, pour provoquer secrètement tous les amis de la patrie à un soulèvement général, et cela m’a réussi à la première invitation ; dans toutes les villes de Flandre, de courageux klauwaerts sortiront de dessous terre…

Le doyen des tisserands secoua la main de Breydel et reprit :

— Et alors, mon héroïque ami Breydel, ô alors le soleil de la liberté ne brillera plus en Flandre pour aucun Français ! Et, par crainte de notre vengeance, ils nous rendront le Lion. À nous, à nous, fils de Bruges, la Flandre devra sa délivrance ! Votre esprit n’est-il pas plein de la plus noble fierté à cette conviction ?

Breydel embrassa de Coninck avec une joie fébrile.

— Mon ami, ô mon ami ! s’écria-t-il, vos paroles me touchent le cœur : un sentiment inconnu m’élève ; je suis l’homme le plus heureux de la terre ! Ô patrie ! comme vous les rendez grandes, les âmes qui vous aiment !

— Voyez, maître Pierre, en ce moment, je ne donnerais pas mon nom de Flamand pour la couronne de Philippe le Bel.

— Vous ne savez pas encore tout. Le jeune Guy de Flandre et Jean, comte de Namur, se sont alliés