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lâche, pour laisser détruire ainsi sa ville ? Non ! ils ne se réjouiront pas à ce feu de joie ! Debout ! debout, renversez tout sur votre chemin ! Il faut que nous passions…

Suivi de ses camarades il se précipita avec une force irrésistible à travers la foule et dispersa les familles effrayées. Un horrible hurlement s’éleva dans les airs et ces fuyards entrouvrirent promptement leurs rangs ; car, ils croyaient que les cavaliers français étaient déjà sur leur dos. Il fut donc facile à Jean Breydel de passer en toute hâte à travers ces femmes et ces enfants égarés. Pendant qu’il s’étonnait de ne pas apercevoir des hommes valides, en état de combattre, et qu’il cherchait vainement les hommes des métiers, il fut tout à coup arrêté dans son élan par une troupe régulière.

Elle se composait en grande partie des hommes du métier des tisserands ; tous étaient armés, mais de façon différente. Ils portaient, les uns des arbalètes, les autres, des couteaux, des haches ou d’autres armes. Un doyen ou capitaine marchait à pas comptés devant ces hommes et barrait ainsi la route comme une barricade. Un grand nombre de troupes pareilles sortirent tour à tour de la ville, et le nombre des Brugeois armés s’élevait à cinq mille hommes. Breydel allait aborder le capitaine lorsqu’il entendit un peu plus loin une autre voix qui dominait le bruit des armes. Il reconnut de Coninck aux paroles suivantes :