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Adolphe de Nieuwland, jeune chevalier d’une des plus nobles familles de l’opulente ville de Bruges, fermait la marche[1] ; le visage de ce jeune seigneur ne séduisait pas, au premier coup d’œil, par une beauté molle et efféminée ; ce n’était pas un de ces adolescents aux joues rosées et à la bouche souriante qui pourraient facilement, et grâce au costume, déguiser leur sexe et se métamorphoser en femme. Non, la nature n’avait pas commis cette erreur à son égard. Le soleil avait légèrement hâlé ses joues et imprimé à sa physionomie un ton mâle et sévère. Sur son jeune front on apercevait déjà quelques rides, signe précoce d’une intelligence déjà mûre et sérieuse. Ses traits offraient une expression saisissante et virile, et les lignes vigoureuses qui les accentuaient donnaient à sa tête une ressemblance frappante avec un buste échappé au ciseau de quelque sculpteur grec ; enfin de ses yeux, à demi cachés par ses sourcils, s’échappait un regard fixe et brûlant, annonce certaine d’une âme ardente et méditative. Bien qu’il ne cédât en rien, sous le rapport de l’illustration de la race, aux autres chevaliers, il restait volontiers en arrière et laissait prendre l’avance à ceux qui lui étaient inférieurs en rang. Plusieurs fois, on s’était écarté pour lui permettre de se rapprocher de la tête

  1. Les détails historiques et héraldiques qui se rapportent à ce jeune chevalier, m’ont été communiqués par mon savant ami, M. Octave Delapierre, de Bruges.