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à bride abattue : un d’eux tenait une femme devant lui sur sa selle et la serrait fortement dans ses bras. Elle se débattait avec désespoir et remplissait l’air de ses cris de douleur. Le chevalier noir s’arrêta au milieu du chemin et mit sa lance en arrêt pour attendre les ravisseurs. Étonnés d’un obstacle si inattendu, les cavaliers ralentirent le pas de leurs chevaux et regardèrent ce protecteur, non pas sans une crainte secrète. Celui qui paraissait les commander s’avança et cria :

— Hors du chemin, seigneur chevalier ! hors du chemin ! ou nous passons sur votre corps !

— Je vous somme, chevaliers félons et déloyaux, de lâcher cette dame, sinon je me déclare son protecteur.

— En avant, en avant ! cria le commandant à ses hommes.

Le chevalier noir ne leur donna pas le temps d’approcher, il se courba sur le cou de son cheval et tomba tout à coup au milieu des Français stupéfaits. Du premier coup de sa lance il troua le heaume et la tête d’un Français, et le jeta à bas de sa selle mortellement blessé ; mais pendant qu’il réussissait ainsi à vaincre un de ses ennemis, les autres avaient levé leurs glaives sur sa tête, et déjà le chevalier de Saint-Pol avait, d’un formidable coup d’épée, fait tomber l’épaulière du chevalier noir. Celui-ci, à la vue de tant d’ennemis menaçants, jeta sa lance et tira du fourreau son épée de géant ; il saisit la poignée