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— Il ne le retrouvera plus ! répétèrent les bouchers animés du désir de la vengeance.

— Venez, dit Breydel, partons. Que chacun retourne à sa demeure, s’apprête en silence et prenne sa meilleure hache. Procurez-vous d’autres armes, si c’est possible, ainsi que des outils pour couper le taillis ; car nous devons escalader le château. À onze heures nous nous réunirons dans le bois de la Pie, derrière Sainte-Croix.

Après avoir donné encore quelques explications aux anciens, il quitta le Pand, et ses compagnons sortirent après lui. La nuit, un peu avant que l’heure désignée sonnât au clocher de Sainte-Croix, un grand nombre d’hommes se glissaient mystérieusement dans les sentiers aux environs du village. Tous marchaient dans la même direction, et disparurent tour à tour dans le bois de la Pie. Quelques-uns d’entre eux portaient des arbalètes, d’autres des massues ; cependant la plupart n’avaient pas d’armes visibles. Jean Breydel se trouvait au fond de la forêt et délibérait, avec les maîtres de la corporation, de quel côté du château on risquerait l’assaut. Enfin il fut décidé qu’on comblerait le fossé, à côté du pont, avec du bois, et qu’on tenterait d’escalader le mur. Le doyen se promenait impatiemment entre ses compagnons, occupés à hacher les arbrisseaux et les petits arbres, et à en faire des fagots. Aussitôt qu’il se fut assuré qu’il ne manquait pas de porteurs, il donna Tordra du départ, et les bouchers quittèrent