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— Vous êtes un calomniateur ! s’écria Breydel ; je me suis défendu loyalement dans le combat, et si votre lâche violence ne m’en empêchait pas, je vous prouverais que je n’ai pas de remords.

— Vous avez osé insulter la bannière de France.

— J’ai vengé le Lion noir de ma patrie, et je le ferais encore. Mais ne me tenez pas plus longtemps couché par terre comme un bœuf abattu, ou tuez-moi sur-le-champ ; je ne me défendrai pas.

Sur l’ordre de Saint-Pol, les soldats relevèrent Breydel sans le lâcher et le conduisirent avec précaution jusqu’à la porte. Le Flamand prisonnier marchait lentement entre les hommes d’armes. Deux des plus vigoureux lui tenaient les bras ; quatre autres marchaient devant et derrière ; de sorte qu’il lui était impossible de s’échapper. Tel n’était pas, d’ailleurs, son intention ; il ne fit pas la moindre résistance.

Pendant qu’ils avançaient ainsi avec le prisonnier, les soldats se mirent à le railler insolemment. Breydel sentit bouillonner en lui une colère inexprimable à leurs paroles ironiques et désira intérieurement la mort ; cependant il dissimula sa fureur jusqu’au moment où on lui parla ainsi :

— Ah çà, beau Flamand, si demain vous dansez bien à la corde devant nous, nous chasserons les corbeaux de votre cadavre.

Le doyen des bouchers jeta un regard de mépris