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bière et du vin. Le nom de cet estaminet était sculpté au-dessus de la porte ; mais travaillé si grossièrement qu’il eût été difficile de reconnaître saint Martin dans ce tableau de pierre. Le vestibule et le rez-de-chaussée occupaient tout l’espace compris entre les murs extérieurs.

Une cheminée gigantesque remplissait le fond de la chambre et n’y laissait pas d’autre place qu’un petit coin de chaque côté où séchaient les semences et les plantes. Les autres murailles étaient blanchies à la chaux et chargées de toutes sortes d’ustensiles de cuisine en bois ou en étain : une hache et une collection de grands couteaux dans leur fourreau de cuir, pendaient à la place qui leur était particulièrement destinée. La fumée, qui s’échappait continuellement du foyer dans la chambre, avait revêtu les poutres du plafond d’une couleur sombre, qui donnait à cette place un aspect triste et froid. Quoiqu’il fît un clair soleil, le jour y était douteux, car les fenêtres de style moitié romain et moitié gothique, étaient élevées de près de sept pieds au-dessus du sol et formées de tout petits carreaux verdâtres. Des siéges lourds et des tables plus lourdes encore se trouvaient çà et là dans la chambre. L’hôtesse courait de droite à gauche pour servir et verser à boire à ses nombreuses pratiques. Les coupes d’étain n’étaient jamais en repos, et les appels joyeux des buveurs se mêlaient à un doux murmure, que l’on ne pouvait comprendre. Il était facile