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opulents de l’Europe. Des ennemis victorieux entouraient le malheureux souverain, et cependant, dans son cœur plus fort que tant de malheurs, le désespoir ne pouvait trouver place.

À côté de lui marchait Charles de Valois, frère du roi de France. Il discutait vivement avec le vieux Guy ; mais celui-ci ne semblait pas acquiescer à ses paroles. Le glaive de combat n’était plus suspendu à la selle du prince français ; un habit plus simple et plus commode, et une longue et fine épée remplaçaient ses armes pesantes de la veille.

Derrière lui s’avançait un chevalier d’une physionomie éminemment hautaine et rébarbative. Il promenait fièrement les yeux autour de lui, et quand son regard tombait, par hasard, sur un Français, ses lèvres se contractaient avec une souveraine expression de déplaisir et de haine. Il pouvait avoir environ cinquante ans, mais il semblait encore dans toute la force de l’âge, et sa large poitrine, aussi bien que sa puissante stature, le désignaient suffisamment comme le plus robuste entre les chevaliers qui l’entouraient. Le cheval qu’il montait dépassait en taille tous les autres, si bien que son front dominait tout le cortége. Un casque étincelant, surmonté de plumes bleues et jaunes, une lourde cotte de mailles et un sabre recourbé, constituaient son armure ; le pourpoint qui retombait derrière lui sur le dos du cheval, portait aussi le lion de Flandre en champ d’or. Les chevaliers qui vivaient à cette époque eussent re-