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— Consolez-vous, mon généreux ami, et pensez que le feu qui dort sous la cendre n’est pas éteint. Ces temps glorieux reviennent un jour : le ciel nébuleux de l’esclavage s’éclaire, et le soleil de la liberté a déjà envoyé sur nous quelques-uns de ses rayons. Vous ne comprenez pas cela, mais vous pouvez me croire, l’heure de la délivrance approche. Aujourd’hui nous ne sommes pas encore assez opprimés, les chaînes de l’esclavage doivent peser plus lourdement pour que les lâches mêmes brisent leurs fers. Et alors, mon vaillant frère, et alors notre chère patrie élèvera encore au-dessus des nuages le Lion noir de Flandre…

Breydel regarda le doyen des tisserands avec une expression étrange : un sourire de bonheur et d’espoir illumina son visage, et, comme si son cœur cessait d’être oppressé, un long soupir s’échappa de sa poitrine. Il prit la main de de Coninck, la porta à son cœur et dit :

— Vous seul, ô ami, me connaissez ; vous seul pouvez toucher et consoler mon âme.

— Mais, maître Jehan, reprit de Coninck, ma visite a un autre but ; vous savez que nous avons promis de garder la jeune Mathilde.

— Ô damnation ! s’écria Breydel avec agitation.

Un pressentiment inquiet fit monter à ses joues le feu de la colère, et il soupira :

— Mon ami, quelle effroyable, quelle honteuse nouvelle ?