Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Flandre… et toi, ô Lion, mon père, tu ne retrouveras peut-être plus ton enfant sur la terre…

Marie prise d’une profonde pitié, s’était assise sur un siége et pleurait silencieusement. Elle n’avait pas la force de confirmer par ses paroles la crainte de son amie. Après quelques instants la jeune fille effrayée se jeta à son cou et dit :

— Ne pleure pas ainsi sur moi, ma douce amie. Le malheur et l’adversité me sont connus depuis longtemps : pour la maison de Flandre il n’y a plus de repos, plus de joie !

— Malheureuse et noble enfant ! soupira Marie, vous ne savez pas que les soldats français vous attendent en bas, et que vous devez être emmenée à l’instant !

La jeune fille pâlit et devint toute tremblante.

— Des soldats ? dites-vous, serai-je donc exposée aux insolences de mercenaires manants ? Chère Marie, protége-moi !… Dieu, si je pouvais mourir ! ô Robert, Robert, si tu savais quel crime se commet contre ton sang !

— Ne tremblez pas ainsi, madame, il y a un chevalier parmi eux.

— L’heure fatale est donc arrivée ! Je dois te quitter Marie, et la méchante reine de Navarre m’emprisonnera comme mon père. Ô qu’il en soit ainsi ! il y a un juge au ciel, qui ne m’abandonnera pas…

— Vite, madame, mettez votre robe de deuil ; j’entends les pas des soldats.