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entrer dans la chambre ; et quelle honte pour la noble Mathilde ! Marie prit donc la main de son amie et l’éveilla par ces paroles :

— Ma chère demoiselle, éveillez-vous, j’ai quelque chose de pressé à vous dire.

Le contact de Marie effraya fortement la jeune fille, elle ouvrit les yeux, et se mit à trembler pendant que son amie la regardait avec hésitation.

— Est-ce bien toi, Marie, qui me parles ainsi, demanda-t-elle pendant qu’elle frottait les mains sur ses tempes humides. Qui est-ce qui t’amène à pareille heure ?

— Ô malheureuse amie, levez-vous que je vous habille ! ô levez-vous bien vite ! un grand malheur vous attend.

Mathilde stupéfaite sauta hors du lit, et regarda anxieusement Marie dans les yeux ; celle-ci sanglotait amèrement, tout en habillant Mathilde, et ne répondait pas aux questions de la jeune fille ; seulement, au moment où elle lui présenta une robe de deuil, elle dit avec un pénible soupir.

— Vous allez en voyage, ô comtesse, que mon seigneur saint Georges vous protége !

— Hé ! pourquoi cette robe de deuil, ma chère Marie ? Maintenant je vois bien quel sort m’attend ! Mon rêve amer n’a pas menti, car lorsque tu m’as éveillée, j’étais transportée en France près de Jeanne de Navarre. Oh ! Seigneur, tout espoir est perdu maintenant ! Je ne reverrai plus le beau pays