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adversaires, le firent reconnaître du premier coup d’œil pour un supérieur. Aussitôt que les soldats le remarquèrent, les jurons et les blasphèmes expirèrent de leur bouche, et les épées rentrèrent au fourreau. Jehan et le Breton se regardèrent comme s’ils se défiaient pour un autre moment, et approchèrent avec les autres du chef qui leur parlait.

— Êtes-vous prêts, soldats ?

— Nous sommes prêts, messire de Cressines, fut la réponse.

— Le plus grand silence ! reprit le commandant, rappelez-vous que la maison où ce bourgeois nous conduit est sous la protection de notre maréchal de Châtillon. Le premier qui touche quelque chose, s’en repentira amèrement. Qu’on me suive !

Le bourgeois qui devait servir de guide à ces soldats n’était autre que maître Brakels, qui avait été banni de la corporation des tisserands. Lorsque les soldats furent arrivés dans la rue avec leur commandant, Brakels marcha silencieusement en avant, et les conduisit, à travers la nuit, dans la rue d’Espagne, à la demeure de messire de Nieuwland. Là, les soldats se rangèrent le long de la muraille, et retinrent leur souffle pour qu’on ne remarquât pas leur présence. Maître Brakels fit retomber doucement le marteau de la porte. Au bout de quelques instants une servante se présenta dans le vestibule, et demanda avec méfiance qui frappait si tard.

— Ouvrez vite, répondit Brakels, je viens de la