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Le cœur de la jeune comtesse battait violemment à la vue de ce prodige. Après avoir fini de tracer des lignes, Didier mouilla les joues et le front d’Adolphe avec une eau bleuâtre et lui ordonna de se lever.

— C’est fait, dit-il. Vous ressemblez à monseigneur de Béthune comme si le même père vous eût engendré tous deux, et si moi-même je ne vous avais pas changé ainsi, je vous saluerais du nom illustre du Lion ; oui, je me sens saisi de respect devant votre nouveau visage, croyez-moi.

Mathilde était silencieuse et comme égarée devant Adolphe ; elle ne pouvait rassasier ses yeux et regardait alternativement ces deux chevaliers comme quelqu’un qui demande l’explication d’un événement incompréhensible. Adolphe ressemblait si exactement à monseigneur de Béthune qu’elle était tentée de croire que son père se trouvait réellement devant elle.

— Messire de Nieuwland, reprit Didier, si vous voulez réussir dans votre noble dessein, il faut que nous quittions ces lieux et que nous partions vite ; car si un ennemi ou un serviteur infidèle vous voyait ainsi, vous exposeriez inutilement votre vie.

Adolphe comprit la justesse de cette réflexion.

— Adieu, noble demoiselle, s’écria-t-il ; adieu ! et pensez souvent à votre serviteur Adolphe.

Il est impossible de peindre l’émotion de la jeune fille à ces paroles. Lorsque le jeune homme lui avait annoncé qu’il irait à Bourges pour prendre la place