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Nieuwland, nous avaient abandonnés ! Je remercie le ciel qui m’envoie un secours protecteur ! Et moi qui osais vous accuser d’infidélité dans mon esprit. Pardonnez cette erreur d’un cœur blessé, messire Devos.

Didier, stupéfait de voir son artifice découvert par une femme, ôta sa barbe avec dépit. Adolphe le remercia et lui serra la main avec une tendre amitié. Didier dit, en se retournant vers Mathilde :

— En vérité, madame, vous avez un coup d’œil perçant ; me voilà forcé de reprendre ma voix naturelle. J’aurais mieux aimé rester inconnu, car le masque que votre regard a pénétré était très-nécessaire au salut du Lion, mon maître. Je vous prie donc de ne prononcer mon vrai nom devant personne ; cela me coûterait certainement la vie. Votre visage, madame, trahit tous vos chagrins ; mais, si nos prévisions se réalisent, ils ne dureront pas longtemps. Pourtant, si la captivité de votre père se prolongeait contre nos espérances, la religion vous fait un devoir de mettre toute votre confiance en la justice de Dieu. J’ai vu monseigneur de Béthune, et je lui ai parlé. La bienveillance du châtelain de Bourges adoucit son sort, et il vous supplie, pour l’amour de lui, de ne plus pleurer.

— Racontez-moi ce qu’il vous a dit, messire Devos ; décrivez-moi sa prison et dites-moi ce qu’il y fait, pour que son nom chéri me réjouisse le cœur.

Didier Devos fit une description détaillée de la