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avez déjà fait pour adoucir mon sort. Je l’ai vu, mon bien-être était votre unique préoccupation. Maintenant vous allez prendre les chaînes de mon père, mourir peut-être pour me procurer un moment de bonheur !… Ai-je mérité cela, moi, triste et languissante jeune fille que je suis ?

Un feu extraordinaire, mâle et ardent, brillait dans les yeux du chevalier. Élevé par la noblesse de son dévouement, il répondit :

— Le sang de mes comtes ne coule-t-il pas dans vos veines, noble fille ? N’êtes-vous pas l’enfant bien-aimée du Lion, qui est la gloire de ma patrie ? Ô jamais ! jamais, je ne pourrai reconnaître tous ces bienfaits ! — Mon sang et ma vie, je les ai consacrés à votre illustre maison. Tout ce qui aime le Lion de Flandre est saint pour moi.

Tandis que Mathilde le regardait avec étonnement, un valet annonça le prêtre qu’Adolphe donna l’ordre d’introduire.

— Salut, auguste fille du Lion, notre seigneur ! dit-il en se courbant avec respect, tandis qu’il rejetait en arrière le capuchon de son froc.

Mathilde regarda le moine avec une attention singulière et chercha à se rappeler le nom de celui dont la voix jetait le trouble dans son âme. Tout à coup elle lui prit la main et s’écria avec transport, les yeux étincelants de joie.

— Ô Dieu ! je vois le meilleur ami de mon père ! Ô Didier, je croyais que tous, excepté messire de