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— Messire, reprit le prêtre, vos nobles sentiments m’étonnent avec raison, je ne doute nullement de votre courage ; mais avez-vous bien réfléchi au danger que vous allez courir ? Sitôt la ruse découverte vous payerez votre sacrifice de la vie.

— Un chevalier flamand ne craint pas la mort, répondit Adolphe ; rien ne peut me retenir. Si vous saviez que depuis six mois je me creuse l’esprit nuit et jour, afin de trouver un moyen de risquer ma vie pour la maison de Flandre, vous ne parleriez ni de danger ni de crainte. Encore, tout à l’heure, quand j’étais assis, découragé, sur le chemin, je demandais au ciel une inspiration, vous avez été son interprète.

— Il est nécessaire que nous partions cette nuit, afin que ce secret ne soit point découvert.

— Le plus tôt sera le mieux ; car mon esprit est déjà à Bourges auprès du Lion de Flandre, mon seigneur et maître.

— Vous êtes bien jeune, messire chevalier ; vos traits ressemblent bien à ceux de monseigneur Robert, mais la différence d’âge est trop grande ; cependant cela ne doit pas être un obstacle, car ma science vous donnera en peu d’instants l’âge qui vous manque.

— Que voulez-vous dire, mon père ? Pouvez-vous me rendre plus vieux que je ne suis.

— Oh non ; mais je puis changer votre visage de telle sorte, que vous ne vous reconnaîtriez pas vous-